par Michel Hogue, Coach de performance mentale.
La confiance se bâtit bloc par bloc. Donc, si vous désirez progresser dans votre sport, améliorer vos performances, l’évaluation d’après-course est un outil indispensable. Par contre, pour que cette évaluation soit efficace, elle doit considérer les «bons» éléments.
Un «debrief» typique
Voici l’exemple d’une conversation d’après-course type :
– Pis, comment ça s’est passé (à Ottawa, à Joliette, à Tremblant …)?
– Ça s’est bien passé. C’était correct. Je visais 1:15:00 pis j’ai fini avec 1:14:47.
– Tu dois être content. Es-tu satisfait?
– Ouais …, MAIS, je termine 12/15 dans mon groupe d’âge. J’trouve, ça plate.
– …
Bien sûr, vous pouvez parler ici d’une multitude de chrono et de positionnement. Vous pouvez, aussi, inverser la logique. C’est-à-dire, être satisfait de votre classement mais pas de votre chrono.
En considérant la teneur de la conversation précédente, je vous pose cette question : est-ce que l’athlète est satisfait de sa course? Constuit-il sa confiance? Est ce qu’il peut considérer son résultat en préparation d’une prochaine course?
Chaque course est UNIQUE. Une (mauvaise) habitude que plusieurs athlètes ont, c’est le réflexe de se comparer. Vous évaluez la qualité de votre performance en vous comparant à vos adversaires ou à vos résultats antérieurs. Un peu comme dans l’exemple présenté plus tôt. Parfait. Or, si tel est le cas, comment pourrez-vous qualifier votre Demi à Tremblant? Un nouveau parcours, une nouvelle épreuve, aucune base de comparaison disponible. Un autre exemple? Ottawa. Pour cette année, combien d’entre-vous aviez prévu un vent aussi fort pour l’épreuve? Avez-vous atteint vos résultats compte tenu des éléments extérieurs? Êtes-vous satisfait?
Un autre exemple, plus frappant encore : est-ce que Simon Withfield connait de moins bonnes performances depuis Sydney. Est-ce que sa performance à Pékin est moins valable que celle d’Athènes. J’en doute fortement. Au contraire, je pense qu’il démontre qu’il demeure un athlète d’envergure internationale. Il est le seul athlète de la «classe de 2000» à se présenter à Londres pour une 3e Olympiade consécutive. Par contre, si nous maintenons notre logique (tordue), il n’a jamais eu d’autre médaille olympique que sa médaille d’or de Sydney. Alors, pourquoi ne pas approcher chaque performance d’une manière différente? C’est-à-dire, comme un évènement unique. D’une course à l’autre, d’une année à l’autre, il y a tellement d’éléments qui sont différents : le parcours, les adversaires, la météo, votre préparation physique (blessure, entraînement). De plus, combien d’épreuves se déroulent, exactement, comme vous l’aviez imaginé. Souvent sinon toujours, vous rencontrez des obstacles, des imprévus. Ainsi, oubliez ce que vous avez fait l’an passé, le mois dernier ou à votre dernier entraînement. Que pouvez-vous réaliser, maintenant? Aujourd’hui?
Demeurez concentré sur l’instant présent, sur l’épreuve du moment. De cette façon, vous éviterez d’utiliser la comparaison pour définir votre performance, vous réduirez la pression et vous aurez un « focus » beaucoup plus optimal.
Vos critères d’évaluation.
Pouvez-vous réellement évaluer la qualité d’une performance seulement en considérant votre chrono final ou votre classement? Est-ce que se sont les seuls critères «valables»? Est-ce que ce sont des critères que vous contrôlez totalement? Tel que mentionné, précédemment, plusieurs éléments peuvent affecter nos résultats (le parcours, la température, les blessures). Pour sa part, notre résultat (position) est souvent tributaire de la présence (ou de l’absence) de certains compétiteurs. Combien d’entre-vous avez tenté d’identifier les individus qui sont «de retour» dans leur groupe d’âge cette saison. Sachant qui revient et qui a quitté, vous avez, déjà, estimé ce qui représente un classement «acceptable». Non? Or, l’utilisation de critères d’évaluation aussi «volatiles» peut être décourageant et démotivant. Si vous souhaitez améliorer vos performances, réaliser une progression continue, je vous invite à cibler des éléments que vous contrôlez réellement. Concentrez-vous sur le «comment», sur VOUS, sur le processus plutôt que le résultat. Ciblez des éléments qui contribuent à vos performances. Fixez vos barèmes à chaque course, à chaque sortie. Évitez de comparer. Identifiez des critères sur lesquels vous avez un plein contrôle. Procédez par discipline. Par exemple, à la natation: «je maintiens une
position neutre». Au vélo: «je conserve un pédalage efficace jusqu’à la fin». À la course : «en dépit de la fatigue/douleur, je demeure léger sur mes foulées».
Le plaisir de performer
Le mois dernier, à Ottawa, une amie courait son premier demi. Son critère de qualité : «courir» tout le parcours. Elle a réussi. Elle est très fière d’elle-même. Elle a gagné en confiance. Elle peut bâtir pour sa prochaine course. Maintenant, elle sait qu’en dépit de la fatigue, que malgré la douleur, elle peut continuer de courir. Ainsi, elle se reconnaît, plus forte que jamais.
On m’a souvent confié que c’est la première fois que c’est le plus plaisant. Lorsque l’on participe à notre premier Ironman, la pression de la comparaison est inexistante. L’insouciance du «novice» est totale. On essaie. On demeure dans l’instant présent. On est concentré sur les éléments «de base». À tous les participants du Demi-Ironman de Tremblant, voici ce que je vous souhaite :
Nagez… roulez…courez… et ayez du plaisir!!!
CMP – Coaching Mental et de Performance