Une fédération internationale en devenir
La veille du championnat du monde de raquette, le 30 janvier 2015 à Québec, avait lieu l’assemblée générale de l’« International SnowShoe Federation » (ISSF), qui deviendra sous peu la WSSF (World). Nous étions une vingtaine. Et nous n’avons jamais été si nombreux. l’ISSF est constituée d’un président sortant américain, et de membres du CA japonais, allemand, et d’un autre américain. Un comité exécutif constitué d’un canadien, un suédois, un italien et un russe est aussi en fonction. Même si c’est une fédération internationale, c’est une très petite fédération, dont le principal mandat, actuellement, est de s’assurer de tenir un championnat du monde de raquette chaque année. Des excellentes discussions ont eu lieu, beaucoup d’idées de développement. Tout comme son sport, cette fédération a un potentiel énorme, probablement sous exploité. Pour vous donner une idée, son chiffre d’affaire n’atteint pas les 3000$ (trois milles dollars) en 2014. Les quelques bénévoles impliqués sont disséminés à travers le monde, et, comme je l’ai entendu à plusieurs reprises sur les discussions et en fin de rencontre, il y a un besoin de leadership et une cohésion de développement. Son président sortant a donnée 20 ans de sa vie pour cette passion et il livre sur un plateau d’argent un fort potentiel de développement, ou beaucoup d’espoir.
Un sport méconnu et prometteur: un rapide tour d’horizon
La course en raquette reste encore un sport méconnu, avec sûrement un fort potentiel. Il suffit de transporter vers l’hiver tous les coureurs qui participent à des 5, 10, 21 ou 42 km sur le bitume ou les “trails”, et on obtient des chiffres faramineux. Il faut également être dans la bonne zone géographique et avoir, quelques semaines par année, suffisamment de neige pour que puisse naître cette pratique sportive et l’organisation de courses. Bonne nouvelle, le Québec est bien gâté pour la neige, et pour la quantité de coureur.
Localement au Québec, des courses sont organisées et il existe même, depuis l’hiver dernier, un réseau de courses à but non lucratif mais non reconnu provincialement par une fédération accréditée. Triathlon Québec sanctionne également le championnat du monde de raquette à Québec et l’a identifié comme championnat provincial.
La Fédération québécoise de la marche (et de la raquette) est l’entité provinciale reconnue officiellement pour la raquette, mais elle est dans le domaine du loisir et non du sport. Historiquement, cet organisme fait un excellent travail de promotion de la marche et de la randonnée, mais il n’a jamais rien voulu avoir à faire à tout ce qui peut être chronométré. Les choses pourront toujours évoluer, un nouveau directeur général étant en poste depuis près d’un an.
Pour sa part, la Fédération d’athlétisme a d’autres chats à fouetter avec ses 60+ sports à gérer, des dires mêmes de son directeur général sortant. Son positionnement historique par rapport au développement de la course à pied, par exemple, indique clairement qu’elle doit faire ses preuves pour se faire reconnaître par la communauté des coureurs. Cela n’enlève rien au fait, a contrario, que le développement de cette nouvelle pratique sportive au fort potentiel pourrait être pour elle une opportunité intéressante, mais là encore, rien n’indique qu’elle se positionnera en sa faveur.
Finalement, il y a Triathlon Québec, qui a emboîté le pas au développement d’un nouveau format de triathlon d’hiver, dont la course en raquette fait maintenant partie. On se questionne sur l’engagement de la fédération dans ce sport pour l’aider à se développer, avec un modèle d’affaire qui peut en assurer sa pérennité.
Et puis sur les échelles nationales, il y a Snowshoe Canada, qui a officiellement été créé il y a deux ans, et qui commence à se structurer, avec notamment le projet de réaliser un projet de développement et d’affaire cette année. Chez nos voisin du Sud, c’est une toute autre histoire, une fédération nationale existe, avec des championnats nationaux et une structure quand même active et vivante. En Europe, on retrouve la Catalogne, avec une région espagnole particulière dynamique dans les Pyrénées, l’Italie aussi historiquement bien implantée et populaire avec une forte communauté de coureur en raquette. En France, alors que plusieurs courses existaient il n’y pas si longtemps (4-5), il n’en reste plus qu’une. La faute à qui? Certainement pas d’équipementiers tels TSL qui aident les organisateurs locaux (et quelques fois ils le deviennent), mais qui attendent que les structures nationales et internationales s’organisent mieux, et qui pourraient éventuellement devenir leurs partenaires, chuchotte-t-on. Il faut savoir que, pour un joueur majeur et international tel que TSL, sur sa production annuelle de 200 000 paires de raquettes, 1% sont des raquettes de course. Le reste est pour la randonnée.
Du côté de l’Allemagne, la problématique est de trouver de la neige, une course importante ayant même été annulée le 10 janvier dernier, alors qu’il faut traverser de quelques km la frontière suisse pour trouver un bon tapis blanc de neige. Et la Suisse ne manifesterait aucun intérêt pour la raquette.
Un peu plus au nord, dans les pays scandinaves, autant la raquette semble un match parfait pour leur climat, mais la réalité c’est qu’historiquement, le ski de fond reste la référence et la tradition, et on constate que le sport de la raquette est méconnu. Cependant, de plus en plus d’initiatives et d’événements de course en raquette apparaissent en Suède et en Finlande.
Et puis, du côté asiatique, et on pourra s’en étonner, mais le Japon et la Corée du Sud organisent chaque hiver des événements de course en raquette.
Le triathlon d’hiver, un moteur de développement pour la course en raquette, ou inversement?
Par où commencer, demandera-t-on? Est-ce que ça partira d’en haut, avec des organisations nationales ou internationales, qui mettront en place les structures qui populariseront cette pratique sportive? Ou d’en bas, avec une communauté grandissante d’où naîtront les structures et les organisations? Probablement les deux. Le constat que nous faisons maintenant c’est qu’avec le nouveau format de triathlon d’hiver qui s’internationalise, les courses en raquette se développent logiquement auprès de celui-ci.
Le futur de ce sport
Ce qui ressort de cette rencontre avec l’ISSF, c’est son besoin criant de ressources, de moyens et d’idées. Un volet philanthropique à développer, un modèle de membership plus global et plus payant, un plan de développement d’affaire, donc une hausse de revenus pour une professionnalisation de son fonctionnement (et la capacité d’embaucher une ressource à temps plein). Des partenaires à convaincre de la valeur à s’associer avec cette organisation. Développer une structure avec des championnats continentaux. Et surtout devenir une référence pour ce sport, un hub avec un calendrier international et une possibilité de membership payant pour tous les événements du réseau. Il faudrait également définir des formats (distances) simples, claires et attrayantes, par exemple sprint (5k), standard (10k), longue distance et/ou ultra si on s’inspire du triathlon. Il est évident qu’avec les ressources actuelles de cette structure, il faut un philanthrope avec un bon porte monnaie et/ou de la nouvelle énergie pour rassembler et prendre le leadership nécessaire pour (r)assembler les morceaux et que l’ISSF (future WSSF) devienne un meilleur moteur de développement.
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