Dans le contexte québécois du triathlon, où le travail de la fédération sportive locale est globalement méconnu du grand public, Triathlon Québec a décidé d’investir dans un projet de reportage vidéos. L’idée était de mettre en lumière l’une des quatre sphères sur lesquelles elle axe son développement. Il s’agit de la série de reportages sur les Coupes du Québec réalisée cet été.
Ce projet a connu un bon succès, nous avons eu beaucoup de commentaires positifs et des milliers de visionnements, les chiffres sont là. Mais ce projet est aussi le reflet de l’esprit d’équipe de Triathlon Québec: une fédération activement impliquée avec les organisateurs événementiels, qui soutien les clubs de différentes façons et qui se veut un moteur de promotion et de développement pour le triathlon en général. C’est sa mission. De la découverture du sport à la pratique de haut niveau, Triathlon Québec essaie d’être un acteur positif à tous points de vues, en évitant de tomber dans le piège du dogme, donc en gardant un esprit ouvert et l’acceptation de la diversité de sa communauté.
Afin de souligner l’implication exceptionnelle d’une stagiaire en journalisme qui a participé au projet cet été, l’une des triathlètes les plus passionnées au Québec (Peggy Labonté) a pris l’initiative de réaliser un portrait de notre reporter, Mariane Lajoie. Mariane a été, pour cette expérience estivale 2014, entourée d’un caméraman réalisateur d’expérience, Steve Lynch, et d’un coordonnateur de projet passionné et structurant, Paul-Emmanuel Guinard, pour ne nommer que ceux-ci.
Nous vous présentons donc cette entrevue, où l’interviewer se fait interviewer.
Entrevue avec Mariane Lajoie, par Peggy Labonté
Quel triathlète n’a pas croisé Mariane Lajoie cet été? Elle était présente aux 9 étapes de la Coupe du Québec et aux 4 évènements Ironman qui avaient lieu à Tremblant. Vous ne pouviez pas la manquer avec son micro Triathlon Québec: une jolie journaliste à la longue chevelure noire arborant toujours un large sourire amical.
Mariane Lajoie participait au nouveau projet multimédia de Triathlon Québec. Elle collaborait avec les caméramans Steve Lynch et Anne-Marie Gareau, aussi éditeurs du web magazine 10-21-42 km. Le trio produisait de courtes vidéos sur les évènements de triathlon et duathlon de juin à septembre. Mariane suivait et interrogeait les athlètes sur place, puis rendait un compte-rendu écrit quelques jours plus tard sur le site de Triathlon Québec.
J’ai moi-même été interviewée par Mariane et je peux vous dire qu’elle est d’un naturel désarmant! J’ai été impressionné par son aisance, sa connaissance des sujets et son professionnalisme à un si jeune âge. Tellement, que j’ai eu envie d’en savoir plus sur elle. Comment arrive-t-elle à tout couvrir et aussi bien? Pour un instant, elle a gentiment accepté d’inverser les rôles et de répondre à mes 15 questions.
Quel âge as-tu? Je suis née en 1990 et j’ai 24 ans.
En quoi étudies-tu? (domaine, université, années) J’en suis à ma deuxième année au BAC en journalisme à l’UQAM. Ça m’a pris plusieurs tentatives avant de trouver ma branche, ou plutôt, avant d’oser m’inscrire dans le domaine des communications. Étant de St-Arsène, un petit village campagnard du Bas-du-Fleuve, faire des études à Montréal me semblait inaccessible! Un jour, j’ai finalement décidé de sortir de ma zone de confort et de faire le grand saut. Je peux dire qu’enfin, je sais que je suis dans le bon domaine.
D’où te vient l’intérêt pour le triathlon? En as-tu déjà fait? Mon intérêt pour le triathlon me vient de mes deux grands frères, Maxime et Mathieu. Ils sont mes plus grandes sources d’inspiration! En fait, je les copie beaucoup… En 2011, mes frères se sont inscrits à la première édition du Ironman de Tremblant, qui eut lieu en août 2012. À cette époque, j’habitais à Québec, comme mon frère Mathieu et nous travaillions ensemble, lui comme pharmacien et moi, comme technicienne en laboratoire. Comme nous avions pratiquement les mêmes horaires de travail, nous allions nous entraîner ensemble au PEPS de l’Université Laval. Ayant fait de la natation plus jeune, au départ, c’est moi qui aidais Mathieu dans les entraînements de natation. Ça n’a pas été trop long qu’il a pris de la vitesse sur moi ! Nous allions également faire de la course sur la piste d’athlétisme. Les différents entraînements avec mon frère m’ont donné le goût d’essayer le triathlon et c’est là que je me suis acheté mon premier vélo de route, que j’appelle affectueusement Rocky! J’ai fait ma première expérience de triathlons sprint cet été-là et j’ai adoré ! Le 19 août suivant, mes frères ont complété ensemble le Ironman de Tremblant. J’ai trouvé l’événement et l’ambiance extraordinaires et je me suis dit qu’un jour, moi aussi je réussirais l’exploit. Au début de l’été 2014, j’avais une belle saison de triathlon en vue, alors que j’avais choisi les triathlons que je voulais compléter. Toutefois, avec les 12 triathlons que j’ai couverts, je n’ai pas pu participer à aucun d’entre eux. Un mal pour un bien!
4- As-tu un emploi, autre que journaliste pour Triathlon Québec? Oui. Je suis également technicienne en laboratoire dans les pharmacies depuis 2007. Ce n’est pas dans mon champ d’études, mais j’adore cet emploi étudiant.
5- Comment as-tu obtenu l’emploi de journaliste pour Triathlon Québec? Dans le BAC en journalisme, nous recevons plusieurs offres de stage dans nos courriels. À la fin de ma session d’hiver passée, je n’avais pas beaucoup d’heures au travail et je vivais la fin d’une relation, alors disons que je n’étais pas au top de ma forme ! C’est alors que j’ai vu l’offre proposée par Sébastien Gilbert-Corlay et Éric Noël de Triathlon Québec. Ils offraient un stage en journalisme, pour suivre les 9 étapes de la Coupe du Québec et pour les représenter en vidéos. Si l’on m’avait demandé de décrire mon emploi de rêve, je l’aurais présenté exactement de cette façon! Avec ma candidature, j’ai également joint un reportage vidéo que j’avais fait à l’époque sur le Ironman de mes frères (Devenir Ironman) pour leur démontrer mon réel intérêt. En entrevue, j’ai su que j’avais le poste. En revenant de l’entretien, sur la route, j’ai appelé chaque membre de ma famille, passant des cris aux larmes de joie. Je sentais que j’allais vivre toute une expérience, et ce fut le cas!
6- Comment as-tu rencontré tes 2 collaborateurs : Anne-Marie Gareau et Steve Lynch (photographe/caméraman)? On dirait que vous vous connaissez depuis toujours… Le lendemain de mon entrevue, je suis revenue à Montréal pour rencontrer Anne-Marie et Steve, pour choisir la musique du générique d’ouverture des vidéos de la Coupe du Québec. Je les ai trouvé très accueillants, chaleureux, et connaisseurs du domaine ! Moi, c’était ma toute première expérience de journalisme à l’écran alors je me demandais si je serais à la hauteur, car je n’avais pratiquement aucune notion dans le domaine. À chaque événement, ils m’ont donné des trucs et appris tant de choses !
7- Combien d’heures consacres-tu à cet emploi par semaine? Cet été, nous avons eu 9 étapes de la Coupe du Québec à suivre, les Championnats nord-américains Ironman 70.3 et 140.6, en plus du Championnat du monde 70.3. Nous avions donc un événement pratiquement à chaque fin de semaine. Avant les courses, je lisais les informations sur l’événement, et je surveillais les athlètes qui y seraient. Sinon, après les événements, je devais écrire un texte résumant la course. Si l’on pense aux déplacements et à mon emploi temps plein à la pharmacie, disons que j’ai eu peu de temps libres cet été !
8- Comment prépares-tu tes entrevues avant un évènement en triathlon? Je regarde quels athlètes seront sur place et je fais des petites recherches sur eux, à savoir quelle est leur fiche, s’ils ont fait des performances dernièrement, etc. Lors de mon premier triathlon couvert, à Joliette, je me souviens que je ne connaissais personne du milieu ! C’est au fil des semaines que j’ai mis un visage sur les noms et au fil des entrevues, un contact s’est créé avec les athlètes.
9- As-tu un truc pour te rappeler les nombreux athlètes et différentes disciplines pendant une Coupe du Québec de triathlon (je ne te vois jamais avec des papiers?!?)? En fait, une bonne partie du crédit revient à Paul Emmanuel Guinard ! Paul en était à son deuxième été chez Triathlon Québec, lui qui vient de la France. Il a une connaissance impressionnante de nos athlètes québécois ! Il était en quelque sorte mon recherchiste et pendant les courses, on jasait des athlètes et à chaque fois, il m’indiquait des potins, faits, performances des athlètes. Cela m’a aidé grandement, surtout dans les premiers événements, où je ne connaissais pas les athlètes.
10- Quelle est ta collaboration/participation après l’évènement? Participes-tu au montage vidéo? Le montage est fait par Steve Lynch et Anne-Marie Gareau, les caméramans. Pour ma part, à la fin du triathlon, j’écris le résumé de la course que je lis par la suite au micro. Ces «voix off» que l’on appelle, c’est ma voix que l’on entend par-dessus la vidéo, alors qu’on présente les images de la journée. J’écris par la suite un second texte, plus complet, résumant la journée, qui se retrouve sur le site de Triathlon Québec.
11- Qu’est-ce qui est le plus difficile dans ton travail pour Triathlon Québec? Honnêtement je n’ai pratiquement pas de points négatifs qui me viennent en tête. Toutefois, il est vrai que parfois, faire des entrevues avec des personnes qui ne sont pas à l’aise devant la caméra et qui donnent des réponses très brèves est un peu plus ardu. Par contre, cela fait partie du métier! Je dois alors modifier la tournure de mes phrases pour tenter de les faire parler davantage. Sinon, j’ai réalisé de l’importance de bien parler l’anglais, surtout lors des événements de grande envergure comme les Ironman, où les gagnants viennent de partout à travers le globe et qu’ils ne parlent pas français.
12- Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton travail pour Triathlon Québec? Tout! Avoir accès aux zones de transition, à la ligne d’arrivée, être dans le feu de l’action! J’adore m’entretenir avec les athlètes, quelques minutes après leur arrivée, pour qu’ils me racontent chaque étape de leur triathlon, leurs difficultés, leurs fiertés.
13- A-t-on des chances de te revoir comme journaliste dans les évènements de Triathlon Québec l’an prochain? Je souhaite très fort que le projet vidéo revienne pour Triathlon Québec, comme la réponse du public a été positive. Pour ma part, le plus génial serait qu’ils me reprennent comme journaliste ! Toutefois, pour le moment, nous n’en avons aucune idée, mais je me croise très fort les doigts…
14- Que souhaites-tu faire lorsque tu auras fini l’université? Je rêve d’être journaliste sportive. Ainsi, continuer de travailler pour Triathlon Québec et pour 10-21-42km serait fabuleux, ou encore pour Triathlon Magazine, KMag, ou autres médias qui traitent de la course à pied ou du triathlon ! Je suis toutefois consciente que c’est un domaine assez restreint mais j’ai confiance.
15- As-tu une personne qui t’inspire dans le domaine des médias? Un modèle? C’est certain que j’apprécie les femmes qui se taillent une place dans le domaine du journalisme sportif. On peut penser par exemple, au Québec, à Chantal Machabée, Marie-Claude Savard, ou Karine Champagne qui ont su démontrer leur professionnalisme dans ce monde masculin.
Enfin, il est clair que le travail ne fait pas peur à Mariane Lajoie. Il faut voir son regard pétillant lorsqu’elle est à l’œuvre pour savoir qu’elle a vraiment trouvé sa voie. Gageons qu’un média sportif va rapidement mettre la main sur elle aussitôt l’université terminée. En attendant, espérons qu’elle reviendra avec le projet multimédia l’an prochain et… souhaitons-lui d’entendre son nom au micro un jour : « Mariane Lajoie, you are an Ironman!!! ».